Le secteur des Transports a été marqué ces dernières années par plusieurs mouvements de fond qui ont redistribué les cartes entre les différents acteurs.

En premier lieu le développement des modes de transport alternatifs comme le covoiturage ou l’autopartage, le foisonnement de startups autour des nouvelles mobilités et l’évolution des services de transport en commun avec entre autres l’ouverture à la concurrence, sans oublier l’avènement du véhicule autonome. Dans le même temps, les acteurs du transport tendent à diversifier leur portefeuille d’offre, afin de capter le client au plus tôt et d’être en capacité de gérer l’expérience voyageur de bout en bout. D’ici peu de nouveaux mouvements auront lieu :

  • Dans le secteur ferroviaire, l’ouverture à la concurrence sur les transports régionaux et la longue distance conduira sans doute à l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché français.
  • Dans le secteur aérien, les offres devraient continuer à se diversifier et la concurrence restera rude, en témoigne le développement des offres low-cost long courrier.

A des échéances plus éloignées, les JO de 2024 et le Grand Paris vont fortement secouer l’écosystème des transports franciliens. Ce sont des opportunités de créer de nouvelles infrastructures tenant compte des dernières innovations.

Cette 2ème édition des Cahiers Transport Shaker balaye les grandes thématiques clés du du transport de demain et vous propose un tour d’horizon de nos meilleurs articles de l’année.

Villes, startups et constructeurs automobiles, au service des nouvelles mobilités

Vers une offre de services de mobilité : quand les constructeurs automobiles changent de direction

A l’occasion du Mobile World Congress de Barcelone en début d’année, le constructeur espagnol Seat a annoncé la création de deux nouvelles entités pour mener à bien sa transformation. Si la première annonce — création d’une nouvelle marque sportive « Cupra » — peut paraitre assez commune pour un constructeur de cette envergure, c’est surtout la seconde annonce qui interpelle. En effet, avec le lancement de sa marque XMOBA (chargée d’explorer les business models innovants liés aux nouvelles mobilités), le PDG de Seat Luca Di Meo a redéfini le positionnement de la marque espagnole ; Seat ne se définit non plus comme un constructeur automobile mais comme une tech company  qui fabrique aussi des voitures.

Cette annonce surprenante illustre pourtant bien l’évolution récente du paradigme de la mobilité, de la propriété du moyen de transport à la consommation de services de mobilité (communément appelée “Mobility as a Service” — MaaS). Cette évolution est à l’origine de mutations profondes du secteur automobile, poussant les constructeurs à repenser leur offre et à la recentrer sur les besoins réels de leurs clients. C’est ainsi que les acteurs traditionnels du secteur automobile développent une nouvelle offre de services de mobilité, au-delà de leur cœur de métier traditionnel.

Les constructeurs développent désormais leur offre de mobilité au travers d’acquisitions et de partenariats stratégiques. Que ce soit en créant une filiale spécifique de services de mobilité, en rachetant des startups dans le domaine ou bien en développant un portefeuille de partenariats stratégiques, la majorité des grands constructeurs investissent le terrain de l’offre de services de mobilité.

Autopartage

VTC

Covoiturage

Navettes

Le téléphérique urbain : un atout inattendu pour la mobilité des métropoles

Le téléphérique, ce moyen de locomotion bien connu des amateurs de sports d’hiver, serait-il en train de conquérir les villes ? En effet, on assiste à un déploiement progressif du transport par câble dans les villes du monde entier : en 2015, on dénombrait une cinquantaine d’installations fonctionnelles. Pourtant, ce moyen de transport n’est pas nouveau : le premier téléphérique de transport de passagers a été inauguré en 1912 à Rio de Janeiro.

Grenoble

Mais il présente de nos jours un regain d’intérêt pour plusieurs raisons, notamment la saturation des réseaux de transports terrestres et souterrains ainsi que la forte pollution des grandes villes. Bien plus qu’une attraction pour touristes, il peut soulager les autres modes de transport et débloquer des zones enclavées.

En France, le téléphérique a longtemps été un moyen de transport marginalisé du fait de la législation : depuis les années 1940, la construction d’une ligne imposait l’expropriation des habitations survolées. Grâce à l’ordonnance de novembre 2016, les difficultés liées aux règles de survol sont levées : l’ordonnance instaure des servitudes d’utilité publique de libre survol, de passage et d’implantation des dispositifs indispensables à la sécurité. Ainsi l’instauration de ce mode de transport n’entraînera pas d’expropriations systématiques mais simplement des restrictions à la jouissance de terrains privés.

Le téléphérique présente l’avantage d’avoir de faibles coûts d’implantation comparés aux autres modes de transport, puisqu’il nécessite moins d’espace au sol : une ligne dans les airs coûterait deux à trois fois moins cher que celle d’une liaison sur rail ou sur route. De plus, ce moyen de transport 100% électrique s’inscrit pleinement dans le cadre de la transition énergétique, surpassant même ses concurrents, puisqu’il ne nécessite qu’un seul moteur pour entraîner tout le système ainsi qu’un unique système de freinage.

Au sujet de la sécurité, une étude du STRMTG1 sur les remontées mécaniques entre 2002 et 2011 comptabilise sur cette période « seulement » un accident mortel et un accident causant un blessé grave. Concernant la maintenance, celle-ci s’avère en général moins coûteuse que les autres modes de transport. Les contrôles sont effectués la nuit et un arrêt de service de quelques jours est réalisé une fois par an. Mais l’avantage principal réside dans le fait de ne pas avoir besoin de lieu de stockage des cabines pour les protéger des dégradations.

Mondial tech la mobilité dans les smart-cities, entre innovation et politiques publiques

Un des enjeux de la ville de demain sera de répondre le plus précisément possible aux besoins des citoyens. Cela demande de les impliquer en amont dans la réflexion et l’élaboration des solutions. Au-delà de concerner chacune et chacun d’entre nous dans notre quotidien, « la mobilité est ce qui structure notre époque », comme l’a rappelé Marie-Xavière Wauquiez, Présidente de Femmes en Mouvement.

Il est donc essentiel que chacun s’intéresse à ces débats et que les pouvoirs publics adoptent une logique de co-conception impliquant un maximum de parties prenantes, comme ce fut le cas pour la Loi d’Orientation des Mobilités à travers les Assises de la Mobilité. Il est également nécessaire d’appliquer une approche locale car les besoins et les solutions d’un territoire ne sont pas les mêmes que pour le territoire voisin. Les experts se sont montrés unanimes sur l’exigence de s’adapter aux spécificités des différentes populations.

Jean-François Dhinaux, Directeur de l’innovation de l’incubateur Via-ID, considère qu’une des grandes révolutions en cours est le MaaS (Mobility as a Service), offrant au voyageur un trajet optimisé selon ses préférences, combinant plusieurs modes de transports, via une interface unique.

Raphaël Cariglio a également relevé que la blockchain pourrait aussi être source d’un bouleversement dans notre mobilité, via la sécurisation et la décentralisation des transactions, remettant le pouvoir dans les mains des citoyens. Des cas d’usages se concrétisent déjà, notamment dans le fret pour renforcer la sécurité et la confiance.

La mobilité est un sujet politique majeur, et les investissements réalisés n’ont pas que des retours sur investissements économiques. En effet, nos modes de transports impactent même ceux qui ne les utilisent pas, à travers la pollution sonore ou atmosphérique par exemple. La question de la rentabilité des investissements doit donc être traitée en prenant en compte la valeur collective créée pour la société.

Evolution du service public des transports en commun

Billettique : quelles innovations d’ici les JO – Paris 2024 ?

L’arrêt du ticket magnétique en Île-de-France a été annoncé par Valérie Pécresse pour 2021. Quelles sont les solutions de remplacement prévues ? Quelles améliorations de l’expérience des voyageurs et de leur parcours ? Île-de-France Mobilités (IdFM, ex-STIF) y répond au travers de son ambitieux Programme de Modernisation de la Billettique. L’organisation des acteurs de la billettique en Île-de-France est tripartite :

  • Île-de-France Mobilités (IdFM), présidée par Valérie Pécresse, est l’autorité organisatrice des transports et des mobilités en Île-de-France. Par délégation de la Région, sa mission est d’imaginer, organiser et financer l’ensemble des transports d’Île-de-France.
  • Les transporteurs RATP, SNCF, et les 70 sociétés de bus associées au sein d’Optile sont en charge de l’exploitation des réseaux et répondent à des objectifs fixés par IdFM via des contrats bilatéraux.
  • Le GIE Comutitres, piloté par les transporteurs, assure la gestion opérationnelle du Passe Navigo depuis sa création en 2000.

Le réseau de transport en commun d’Île de- France est l’un des plus anciens et des plus denses au monde. De ce fait, la décongestion du réseau devient le cheval de bataille de la Région.

La Société du Grand Paris, avec son projet du Grand Paris Express va permettre de fluidifier le transport de millions de voyageurs, notamment par l’automatisation des lignes de métro concernées.

des Parisiens résident à moins d’un kilomètre d’une station de transport ferré. 

Le fonctionnement des transports publics mobilise un budget annuel de 10 milliards d’euros

Hausse de la fréquentation du réseau Île de France de +10% depuis 2010

Le Grand Paris Express : l’innovation digitale au service des utilisateurs

Initié en 2007 et réalisé par la Société du Grand Paris dans le cadre d’un accord avec le Syndicat des Transports d’Île-de-France (STIF), le Grand Paris Express est un projet d’envergure visant à réaliser 200 kms de lignes et à bâtir 68 nouvelles gares en impactant 140 km² de zone urbaine avec un investissement de près de 22 milliards d’euros. Les enjeux du Grand Paris Express sont multiples : ce projet doit permettre de faciliter les déplacements des voyageurs Franciliens, de désenclaver les territoires et de relier les principaux pôles d’innovation, de services et d’emploi.

Loin d’être un simple projet de transport, le Grand Paris Express représente aussi un investissement pour le 21ème siècle avec un défi technologique de transformation numérique et digitale.

Le métro le plus digital au monde

C’est l’une des ambitions phares du projet du Grand Paris Express. A l’heure actuelle, la qualité des infrastructures de transport et l’environnement numérique représentent les principaux facteurs d’attractivité de grandes métropoles mondiales. Avec le Grand Paris Express, la Société du Grand Paris anticipe les nouvelles synergies entre digital et transport. En effet, le futur métro doit venir bouleverser l’expérience des utilisateurs par un accès permanent à leur univers de services collaboratifs.

métro paris

Les gares au centre de cette révolution digitale

Cependant, la révolution numérique du Grand Paris devra également passer par une exploitation de l’ensemble des espaces de la gare, par un accès sans fil à très haut débit et par la mise à disposition d’espaces de co-working.

Avec le Grand Paris Express, la Société du Grand Paris vise à favoriser la collaboration entre les voyageurs et les entreprises en créant une émulation autour de l’innovation et du numérique. L’un des atouts de ce projet est de posséder un vivier fort de start-up innovantes qui pourront dès lors s’enrichir mutuellement. Il insuffle également une dynamique encourageant l’innovation qui constitue un véritable terrain d’expérimentations.