3 leviers pour une collaboration réussie

Cet insight est la synthèse de la table ronde animée le 1er octobre à l’IFTM 2019 (1er Salon des professionnels du tourisme en France) par Marion Couturier (Senior Manager Wavestone), avec la participation de :

  • Sylvain Haon, Director Srategy UITP
  • Franck Monsauret, Head of Uber for Business
  • Fabien Soulet, CEO Lyria
  • Pierre Watrelot, Directeur commercial et stratégie Zoo-Parc de Beauval

Du city break à la découverte de l’Europe, la mobilité est un facteur structurant de l’expérience voyageur du touriste. Démultiplication des moyens et compagnies de transport, volatilité des tarifs proposés, difficultés rencontrées dans les lieux de mass transit (transports en communs), sont autant de freins dans la fluidité de l’expérience voyageur.

Un temps d’attente valorisé, un voyage bout-en-bout simplifié, un accompagnement sur mesure et plus de confort en transit et à bord … comment faire de la mobilité un élément différenciant et un facilitateur pour les différents acteurs du monde du tourisme ?

Levier 1 : Adapter l’offre à la demande touristique

L’offre de mobilité est un élément clé d’attractivité pour les territoires. Sa pertinence est indispensable pour favoriser la fréquentation touristique. Pour cela, les transporteurs et gestionnaires d’infrastructure doivent travailler sur plusieurs axes :

Les transports doivent être accessibles et pratiques pour les touristes de tous profils, qu’ils soient français ou étrangers, familles ou voyageurs en groupes, personnes à mobilité réduite…

Cela implique d’améliorer l’expérience voyageur dans les gares, en intégrant tous les besoins dans la transformation de l’environnement (signalétique) et infrastructure (gestion des flux, escalators, ascenseurs).

Proposer des fréquences régulières vers les sites d’intérêt et s’assurer la desserte des grandes métropoles et zones de chalandises est primordial.

Pour les sites touristiques éloignés des grandes métropoles comme par exemple le Zoo Parc de Beauval,  le développement de mobilités adaptées conditionne directement la fréquentation touristique. Pour garantir un accès à tous les visiteurs et notamment aux visiteurs citadins qui sont de moins en moins nombreux à posséder un véhicule, le développement d’offres de mobilité avec des transporteurs privés ou publics permet de favoriser cette fréquentation, tout en proposant des alternatives à l’utilisation des voitures individuelles, utilisées aujourd’hui par près de 90% des visiteurs du parc.

Afin d’avoir une offre tarifaire pertinente, il est nécessaire de la segmenter en s’adaptant aux touristes et aux prix qu’ils considèrent comme « intéressants ».

Rendre une offre accessible financièrement est un défi pour attirer les touristes. Pour y parvenir, le transporteur doit être en capacité de baisser ses coûts et augmenter ses capacités. C’est ainsi l’ambition de TGV Lyria à partir de 2020 avec la mise en service d’un matériel plus moderne doté d’une capacité de fréquence de trajets de +25% entre la France et la Suisse.

Levier 2 : Faire de l’information un facilitateur de la planification du voyage et de l’expérience temps réel

Si la vente combinée (activité + forfait transport) reste trop complexe techniquement pour une faible valeur ajoutée, la capacité à obtenir une information utile est clé.

  • Les calculateurs d’itinéraires au cœur de la planification

Le MaaS (Mobility as a Service) est aujourd’hui une réalité : agréger les offres de mobilités et faciliter la construction d’itinéraires porte-à-porte dans une seule application est devenu un positionnement nécessaire pour les différents transporteurs. Ils intègrent tous une offre plus ou moins riche au-delà du service qu’ils produisent eux-mêmes, par exemple :

/ SNCF, avec son Assistant Personnel de Mobilité, favorise l’intermodalité et propose des combinaisons au voyageur intégrant les transports en commun urbains en complément du train, qui constitue l’ossature du trajet longue distance.

/ Uber propose différents modes de transports dans son application (Vélo, Trottinettes, VTC… mais aussi transports en commun) pour déterminer la meilleure option dans un contexte urbain.

Proposer des offres parfois directement concurrentes peut sembler au premier abord contre-intuitif pour un transporteur. La pertinence est de proposer au touriste le meilleur mode de transport pour son besoin à un instant T de façon à le fidéliser au service et plus largement à optimiser le paysage de la mobilité à l’échelle des grandes villes.

De nombreux outils existent, mais la fluidité du parcours digital pour construire le voyage reste un axe d’amélioration fort. L’une des raisons principales est que la donnée étant une denrée précieuse, chaque acteur souhaite autant que possible garder un accès à ses clients et aux données qu’ils génèrent.  Cela peut complexifier la lisibilité et retarder l’émergence d’agrégateurs complets et fiables. Un des facteurs clé de succès sera de travailler sur des modèles de coopération qui instaurent un partage juste des données : échange de bonnes pratiques, coopération avec les plateformes de planificateur d’itinéraire…

  • Le challenge de l’information temps réel

L’accessibilité et la fiabilité de l’information temps réel donnée sur le parcours impacte directement la satisfaction des touristes et l’expérience de voyage dans sa globalité. A l’échelle d’un transporteur, proposer une information voyageur de qualité est encore une difficulté. Intégrer les informations relatives au trafic de plusieurs transporteurs est donc un vrai défi !

Un travail collaboratif entre les acteurs de la mobilité est donc nécessaire pour construire une information en temps réel, fiable et interopérable, permettant de limiter l’expérience négative en cas d’aléa sur une des composantes du trajet.

Levier 3 : Permettre l’accès à une mobilité durable aux touristes

La prise de conscience autour de l’empreinte carbone liée aux transports incite les acteurs à trouver des solutions alternatives, plus respectueuses de l’environnement. Une mobilité écologique forte devra se développer, au risque de voir diminuer la fréquentation sur certaines destinations.  Là encore, l’enjeu est de trouver la meilleure réponse à chaque type de déplacement.

  • Le train, bon élève de la moyenne/longue distance

A l’échelle française, voire européenne, le train s’impose avec sa faible empreinte carbone mais ne permettra pas de répondre à des besoins sur des très longue distances. Bien qu’Air France ait annoncé vouloir compenser les émissions carbone sur les vols intérieurs, le train est une alternative pertinente à l’avion qui lui est sans concurrence sur les très longues distances.

  • L’essor des mobilités douces et responsables en ville.

Complémentaires aux transports en commun classiques, les mobilités douces et « propres » prennent leur envol, et sont particulièrement appréciées des touristes. Elles rendent en effet possible une expérience différente de la visite de la ville, permettant par exemple d’apprécier les monuments pendant un déplacement en trottinette électrique ou de s’informer dans une navette autonome.

Le passage à l’électrique des taxis et VTC est également un attendu des visiteurs dans leur évolution vers un déplacement responsable. Uber a par exemple lancé plusieurs initiatives pour accélérer le passage de sa flotte vers l’électrique : l’option UberGreen permet aux clients de circuler à bord de la flotte hybride ou électrique de l’entreprise (10% des véhicules Uber), et participe à un plan de pédagogie et d’investissement pour encourager les chauffeurs à se doter d’un véhicule propre.

mobilité IFTM

Conclusion

Ainsi, de nombreux axes de travail vont permettre aux acteurs de la mobilité de se positionner comme des facilitateurs et des accélérateurs du tourisme. C’est en travaillant main dans la main que, transporteurs, gestionnaires d’infrastructures et acteurs du tourisme arriveront à améliorer significativement l’expérience voyageur.